Les clochards inspirent Bernard Briantais

L’artiste expose dans la toute nouvelle galerie Perrine-Humeau, spécialisée dans l’art singulier, jusqu’à la fin de l’année.

« Quand je suis passé à Paris, j’ai vu tellement de clodos que ça m’a choqué », lâche Bernard Briantais, bien connu pour son coup de crayon, ainsi que pour toutes les histoires loufoques et délirantes qui s’y rattachent. Pourtant, il délaisse l’angle misérabiliste des SDF (Sans domicile fixe). Il préfère s’attacher à de truculents personnages, volontiers penchés sur la bouteille. Bernard Briantais a d’abord récupéré de vieux guides et plans Baedeker allemands, dont il a arraché les pages, pour les utiliser en guise de fond. « Ils transparaissent derrière les sujets, manière de décrire les déambulations dans une ville. »

Sur des ardoises d’écolier

S’en suivent des scènes de rue qui fourmillent de détails, où les clodos aux allures gargantuesques, s’adonnent à leur vice. Le crayon de l’artiste circule, comme en écriture automatique, enroule un bras, forme un torse, campe une posture. «Puis les histoires se sont nourries, amplifiées. , Jusqu’aux delirium tremens subis par les sujets enivrés et narrés sous forme de petits tableaux burlesques, à l’atmosphère onirique. Le pathétique est savamment noyé dans le croquignolesque.

L’artiste poursuit son immersion en usant d’un autre support. Il a récupéré des ardoises d’écolier utilisées autrefois, pour sévir à nouveau, mais à la sanguine cette fois. Il exploite à merveille les encadrements de bois des ardoises, qu’il égaye telles des enluminures. Bernard Briantais réveille alors le regard, en le titillant avec la couleur. Pour ses histoires aux allures de BD un peu freaks, il en fait généralement un usage, à la fois discret et harmonieux. Certaines œuvres se présentent avec des éléments en relief, comme de mini-castelets.

Enfin, dans un élan de compassion et pour mieux épouser son sujet, le dessinateur prolifique utilise du bois de cagette. Ces énièmes compositions résonnent comme une pensée aux glaneurs. « J’utilise du matériau pauvre, comme ceux des abris des SDF »,justifie l’artiste.

Jusqu’au 31 décembre, à la galerie Perrine Humeau, 28, rue Jean-Jaurès, à Nantes. Tél. 09 86 48 10 17. www.perrinehumeau.fr